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Un quart des Belges travaillent un ou deux jours à domicile

Pour près d'un Belge sur trois, l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est la principale raison de quitter son employeur
teleworking

L'entreprise américaine Amazon supprimera le travail à domicile à partir de 2025. Comment les employeurs et les travailleurs belges considèrent-ils le travail à domicile et peut-on le supprimer unilatéralement ? Le prestataire de services RH SD Worx conseille les employeurs sur leur politique de télétravail et constate une diversité d'opportunités en Belgique. En menant une enquête annuelle auprès de 1 000 Belges, SD Worx reste à l'écoute des travailleurs pour savoir ce qui les préoccupe. En outre, 300 employeurs belges sont également interrogés chaque année sur leurs priorités.

Katleen Jacobs, Business Manager Legal Consultancy chez SD Worx : « Le télétravail n'est pas une solution ‘one size fits all’ et encore moins une solution ‘one size fits forever’. Une évaluation régulière, un regard critique et d'éventuels ajustements restent nécessaires dans toute organisation de travail. Le télétravail peut donc basculer d'un côté puis de l'autre, même s’il est rare qu'une entreprise penchent totalement de l’autre côté. Beaucoup d'employeurs recherchent un équilibre entre le travail au bureau et le travail à domicile. D'une part, il y a les besoins organisationnels du travail en équipe et, d'autre part, le besoin humain des employés de trouver un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le télétravail a déjà fait ses preuves dans ce domaine. »

« Il est important que les employeurs réévaluent la situation de temps à autre. Si le travail d'équipe ne se déroule pas comme prévu, il est normal que l'employeur remette en question les accords conclus. Dans l'idéal, l'employeur consultera les employés pour procéder ou non à des ajustements si nécessaire. »

    Le télétravail est là... pour rester ?

    Sur la base d'enquêtes annuelles menées auprès de 1 000 travailleurs belges, nous savons qu'en 2024, un quart des Belges (26,4 %) travaillent un ou deux jours à domicile. En 2022, ce chiffre était de 13,8 %, soit un sur sept. Environ un Belge sur dix travaille 3 ou 4 jours par semaine depuis son domicile. Cette proportion n'a pas changé au cours des deux dernières années.

        En moyenne, les Belges (hommes et femmes) travaillent un jour depuis leur domicile en 2024 ; bien que cela dépende de nombreux facteurs, tels que les préférences individuelles, la situation familiale et la situation professionnelle. Par exemple, nous constatons que la moyenne est de 1,5 jours pour les emplois de nature analytique/technique. Cela dépend donc du secteur. Le télétravail est plus élevé que la moyenne dans l'industrie minière, les services publics, les TIC, la finance, l'immobilier et les services administratifs. À contrario, cette forme travail est inférieur à la moyenne dans la construction, le commerce de détail, l'hôtellerie et la restauration, les soins de santé et les services à but non lucratif, l'enseignement (secteur privé), les arts et les spectacles. La moyenne diminue avec l'âge et augmente avec le nombre d'enfants (jusqu'à 3). Il existe également des différences régionales en matière de travail à domicile en Belgique (Les Belges souhaiteraient un trajet domicile-travail d'une demi-heure maximum).

        La demande de télétravail de la part des travailleurs est réelle : en moyenne, les Belges souhaitent travailler entre 1,5 et 2 jours à domicile, alors que la moyenne effective du télétravail est aujourd'hui de 1 jour par semaine. Il existe des différences selon les secteurs. Par exemple, le travail à domicile est le plus courant dans le secteur de l'immobilier, où les employés sont très mobiles et flexibles en raison des nombreuses visites de sites. Dans le commerce de détail ou de gros, comme chez Amazon, le travail à domicile est le moins fréquent.


            Katleen Jacobs : «  Le fait qu'une entreprise de vente au détail ou de logistique comme Amazon se tourne maintenant davantage vers le travail au bureau ne me surprend pas, car chaque secteur a des exigences différentes. Supposons que vous soyez chargé du planning dans un centre de distribution. Si un camion est en retard, cela peut affecter l'ensemble de la planification et vous devez être en mesure d'intervenir rapidement. La présence physique est donc plus justifiée, surtout si tous les logiciels opèrent sur place. »

              Pour près d'un Belge sur trois, l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est la principale raison de quitter son employeur

              Parmi les travailleurs belges, l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est l'une des principales raisons de quitter un employeur.

              Près d'un Belge sur trois, soit 29 %, place l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans les trois premières raisons de quitter un employeur : c'est autant que les personnes qui placent le salaire dans les trois premières raisons. Seule l'ambiance de travail (les collègues, le manque de leadership) est un peu plus citée : 33 % des Belges actifs placent cette raison dans leur trio de tête.

              En outre, un Belge sur dix (11 %) cite l'insatisfaction liée au manque de flexibilité, comme le télétravail, parmi les trois principales raisons qui le poussent à quitter son employeur.

                Un quart des employeurs belges placent le travail flexible parmi les cinq défis les plus pressants

                L'enquête de SD Worx auprès des employeurs montre que la recherche d'un bon équilibre fait partie des priorités des employeurs belges. 

                • 27 % des employeurs belges placent le travail flexible (horaires flexibles, télétravail, travail hybride, etc.) parmi les cinq défis les plus urgents. 
                • Seuls le recrutement et la sélection du personnel, ainsi que le bien-être des employés (physique, mental et émotionnel) sont indiqués comme des défis encore plus urgents (par 40 % et 35% des employeurs belges respectivement).

                « Dans le marché du travail actuel, le télétravail est presque un élément indissociable de la rémunération et nous ne nous attendons pas à ce que cela changera de sitôt. Après tout, il y a une pénurie sur le marché du travail. L'embauche est une priorité absolue. Les candidats attendent de la flexibilité. En tant qu'employeur, le télétravail offre également la possibilité d'attirer un plus grand nombre de candidats. Pour les travailleurs de longue date, l'alternance entre le domicile et le bureau est souvent la norme, avec des gains de productivité. Je ne vois pas la plupart des employeurs revenir complètement en arrière », commente Katleen Jacobs.

                « Après tout, ils ne veulent pas perdre des collaborateurs. Les formes hybrides de travail sont bien établies, mais trouver le bon équilibre en matière de flexibilité reste un défi de taille pour beaucoup d'employeurs. »

                En effet, la mesure dans laquelle le travail flexible et hybride, en partie au bureau et en partie à domicile, est souhaitable dépend de nombreux facteurs. Arguments pour et contre :

                • Réalité économique : à certaines périodes de pointe, une présence physique peut s'avérer plus nécessaire qu'à d'autres moments. De même, lorsque de nouveaux collègues arrivent, il est souvent souhaitable que l'équipe travaille davantage ensemble au bureau ;
                • La nature de l’homme : certaines personnes ont besoin du trajet et du contact quotidien avec leurs collègues ;
                • La nature de l'entreprise et de l'activité : certaines activités ne se prêtent pas au travail à domicile (par exemple la construction), ou seulement très peu. Pensez, par exemple, à une personne chargée de planning dans un centre de distribution. Si un camion est en retard, cela peut avoir des conséquences sur l'ensemble de la planification et des mesures doivent être prises rapidement. La présence physique est plus justifiée.
                • La maturité numérique et technologique de l'entreprise : des ressources adéquates doivent être disponibles pour que le travail à domicile puisse être effectué aussi efficacement qu'au bureau.
                • La culture d’entreprise, le niveau d'autonomie et de confiance accordé aux collaborateurs, l'engagement en faveur de la connectivité et de la connexion avec les collègues... Par exemple, il existe des entreprises où les travaileurs peuvent travailler à domicile 5 jours par semaine, et la connexion n'est pas seulement recherchée dans le fait de s'asseoir physiquement ensemble.

                  Le télétravail structurel ne peut être supprimé unilatéralement

                  « Légalement, en Belgique, il n'est pas possible pour un employeur d'annuler unilatéralement des accords en matière de travail à domicile structurel. Cependant, il est possible de déterminer des modalités qui permettent de diminuer ou supprimer (temporairement) la possibilité de télétravail en raison de nécessités pratiques, de raisons économiques, de changements dans la législation pertinente, de changements dans l'organisation du travail, etc. Les employeurs concluent des accords concrets sur ce qui peut et ne peut pas être fait au sein de l'entreprise ou de l'équipe. Ces accords sont ensuite formalisés dans une politique (non obligatoire) et dans une annexe au contrat de travail (obligatoire dans le cas du télétravail structurel) », SD Worx décrit le cadre juridique.

                  Souvent, le cadre général est élaboré au niveau de l'entreprise et des accords plus concrets sont conclus au sein d'une équipe, qui sont ensuite reflétés dans l'annexe.

                    À propos de l'enquête internationale auprès des employeurs

                    Les employeurs ont également été interrogés en février 2024 dans 18 pays européens : Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Italie, Irlande, Croatie, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Roumanie, Serbie, Slovénie, Espagne, Royaume-Uni et Suède. Au total, 5 118 entreprises ont été interrogées, dont 300 employeurs belges. Les résultats sont pondérés en fonction de la taille de l'entreprise et du secteur. Les pondérations pour la Belgique ne dépassent pas 1,21 partout, ce qui garantit une représentation fiable du marché du travail.