Patricia Dehon, responsable de bureau PME à Bruxelles Centre, commente : « C’est un sujet très discuté, mais à la fin du mois de mai, les salons de coiffure n’ont toujours pas repris leur niveau d’activité (élevé) habituel. Pendant la semaine de la réouverture, ils avaient repris à 60 % en moyenne ; dans la semaine suivante, ils atteignaient près de 75 %. En même temps, le chômage temporaire est tombé d’un taux supérieur à 90 % à moins de 20 % des jours ouvrés. Heureusement, les cas de maladie restent très limités. Les vacances aussi : il n’y a eu une hausse des congés que pendant la semaine avec un jour férié. Reste à savoir comment se présentera le reste de l’année 2020. »
Le coiffeur Philippe gère le salon ‘le Coiffeur by Phil’ au cœur de Linkebeek avec trois collaborateurs. Il confirme la tendance :«Nous avons bien démarré depuis la réouverture : il y a eu une forte demande de coloration et de balayage. On a investi dans le matériel de protection. Il faut laisser assez de temps et distance entre les clients. Néanmoins, nous avons trente pourcent de clients de moins, aussi en juin. D’une part à cause de la surface limitée et les règles de distanciation sociale. Nous ne pouvons coiffer qu’un seul client par coiffeur et impossible de prendre plusieurs clients et de laisser une couleur pauser pendant ce temps là. Un autre problème, ce sont les annulations sans avertissement : certains cherchent à avoir un rendez-vous le plus vite possible, en faisant le tour chez plusieurs coiffeurs et ils oublient d’annuler. Aujourd’hui nous avons raté trois clients à cause de cette pratique. Nous ne pouvons pas combler ce temps ou accepter des clients sans rendez-vous. La rentabilité est problématique dans des conditions pareilles. Heureusement nous pouvons compter sur nos coiffeuses. Nos collaborateurs veulent surtout travailler après cette longue période de fermeture. Nous ne prendrons pas des vacances cet été ; juste un jour de congé de temps en temps, pour tenir le coup.»
Ces dernières semaines, les périodes de maladie de moins d’un mois sont heureusement limitées au sein de ce groupe professionnel. L’absentéisme de courte durée (maladie de moins d’un mois) a fortement chuté en avril et en mai (y compris les deux dernières semaines), à moins de 1 %, un taux jamais vu. Dans la première quinzaine de mars, ce taux était encore de 3 % du total des jours ouvrés.
Après cette période de fermeture forcée, les travailleurs ne se bousculent pas non plus pour prendre des vacances : avec un taux de 0,5 % en mai pour l’ensemble de la commission paritaire (qui comprend aussi les saunas, les centres d’amincissement et les établissements de manucure qui sont encore fermés), les jours de vacances atteignent également un plancher historique. La question est de savoir quand les coiffeurs auront à nouveau le temps de prendre des vacances ; de fait, les mois de vacances typiques de la CP 314, dont relèvent notamment les salons de coiffure, sont août, juillet et décembre, avec le mois de septembre en quatrième position.
CP 314: % de jours de vacances légales par rapport au total
Source : « SD Worx Employment Tracker »